Simone Gbagbo, L’homme fort de Côte-d’Ivoire

Il est impossible en Côte-d’Ivoire de dissocier Simone de Laurent Koudou Gbagbo. Parce qu’ils sont époux à la ville et parce qu’elle est après lui, la personnalité la plus sujette à caution du pays. La controverse qui entoure sa personnalité remonte d’ailleurs bien avant les querelles byzantines post-électorales actuelles pour trouver sa source dans son omniprésence dans la vie de la Côte-d’Ivoire.

Simone Ehivet Gbagbo est aussi et surtout celle dont l’intransigeance et l’engagement inconditionnel ont permis à son époux d’occuper les plus hautes fonctions de l’Etat. Un rêve qu’ils ont caressé dès leurs premières heures de militantisme. "Ma première pensée va à Simone, qui fait 60% du boulot ", dira LKG lors de sa prestation de serment cousue de fil blanc au terme d’une élection qu’il n’a du reste pas gagné. Une ode qui donne la mesure de la démesure de la place qu’elle occupe dans la vie sociopolitique ivoirienne. Inflexible combattante, elle connu avec son époux bastonnades, cachot, clandestinité et a tenu  d’une main de fer le Front populaire ivoirien (le parti politique de ce dernier) durant son exil. Première dame atypique, elle éprouve un plaisir évident à monter au créneau tandis que ses consœurs en sont à inaugurer les œuvres de charité et de bienfaisance. Femme de conviction, intellectuelle intrépide et énigmatique, SEG est au-delà du député, numéro deux du parti et présidente du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, l’une des éminences grises du Fpi.

Plus crainte que respectée, elle est, à en croire certaines indiscrétions, impliquée dans tout ce qui se fait et se défait à Abidjan. Au-delà du spin doctor, Simone Ehivet Gbagbo est surtout un véritable faucon. Partisan de la solution radicale, des langues pas forcément  malveillantes, affirment qu’elle est impliquée dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004. Si son vécu politique lui donne une certaine légitimité, il lui donne également un courage certain. Très proche des Jeunesses Patriotes, les mouvements populistes et violents soutenant son mari, celle que l’on surnomme "la dame de sang" n’hésite pas à revêtir le bleu de chauffe et tremper les mains dans le cambouis pour les besoins de la cause et très souvent, défendre l’indéfendable.

Si derrière chaque grand homme se cache une femme encore plus grande comme le dit le proverbe, il est fort probable que derrière chaque homme assoiffé de pouvoir, se trouve une femme encore plus impitoyable. De là à inscrire SEG dans la droite ligne des Simone Duvalier, Imelda Marcos, Isabel Perón, Elena Ceausescu, et Leila Trabelsi-Ben Ali qui n’ont cessé de donner à leurs époux une vision caricaturale des réalités, il n’y a qu’un pas. Que certains ont déjà allègrement franchi.