Le talent du directeur de la rédaction de l’Express ne se discute pas. Bien au contraire. Christophe Barbier est en effet l’un des rares confrères connus et reconnus qui manie avec une égale maitrise l’écrit et l’oral. Et c’est un plaisir sans cesse renouvelé de le lire, de l’écouter. Il a presque toujours le mot juste, l’analyse adéquate, le jugement franc et le recul nécessaire. En gros, il a cet ensemble de qualités qui font qu’il est aujourd’hui considéré chez Yves Calvi et ailleurs, comme un expert.
En réalité, ce n’est pas du talent du patron de L’Express qu’il est question ici. Mais plutôt de cette tentation que nous journalistes avons souvent de nous ériger en directeur de conscience. Dans l’une de ses récentes chroniques audiovisuelles, Christophe Barbier a estimé que François Hollande et Nicolas Sarkozy sont les seuls obstacles à franchir par Martine Aubry pour signer son bail quinquennal à l’Elysée. C’est là que je n’arrive plus à suivre CB. Et ce d’autant plus qu’il fait partie de ceux qui étaient tombés à bras raccourcis sur Alain Duhamel quand ce dernier avait littéralement fait injure à Ségolène Royal il y a quatre ans en choisissant de l’exclure de son bouquin « Les présidentiables 2007 ».
En prenant le parti de considérer la Présidente de la région Poitou-Charentes comme quantité négligeable à cette course à la primaire socialiste puis à la présidentielle 2012, Christophe Barbier me surprends et me déçoit à la fois. Peut-être comme Duhamel, il estime qu’elle n’a pas de « vision claire, ne s’exprime pas suffisamment et est trop en retrait ». Peut-être aussi que le résultat des courses lui donnera raison dans quelques mois.
Mais ne serait-ce que par empirisme, il devrait savoir que Ségolène Royal semble avoir, autant de vies qu’un chat. Et qu’à vouloir l’enterrer un peu trop vite, on court le risque de se prendre un camouflet.